Notre-Dame du Cros

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Chroniques du Languedoc Rhapsodie in blue à Notre-Dame du Cros

Notre-Dame du Cros, le 15 août 2013 : une messe ? Voilà un rare sujet dans les news … et quel drôle de titre !

En effet, une vraie messe du quinze août, oui, mais célébrée en un contexte environnemental peu habituel, un climat onirique souligné par un surprenant choix de lecture sacrée, puisque puisée dans le chapitre douze de l’Apocalypse ! 

Mais voilà que le contenu dramatique de ce texte, qui de prime abord me sembla décalé par rapport à la douce solennité du jour marial fêté, ne me parut plus hors-sujet quand j’analysais les effets des projections d’un certain vitrail de Notre-Dame du Cros sur une de ses plus remarquables copies de tableaux de maitres ! Ha, ha ? D’autant plus que certains passages de l’Apocalypse bousculent nos imaginaires, surtout si l’on y croit repérer des collusions avec les mythes qui nous préoccupent !

Mais lisez donc cette modeste chronique. Du rêve, de l’humour, de l’ironie, de l’authentique, mais en laquelle par deux fois la réalité va devenir fantastique ! De surcroît, serait-ce là l’esquisse d’un début d’une vraie fiction mystico-religieuse ? Hum … au départ ce n’était pas du tout mon but, mais à la réflexion, mouais…? Pourquoi pas… ? Bref, c’est un billet d’humeur estival avec à la clef une sympathique découverte (+ quelques questionnements proposés aux chercheurs !)

La messe du 15 aout à Notre-Dame du Cros

Cette grand-messe fut dite (et chantée) en ce magnifique sanctuaire jadis fréquenté par l’abbé Henri Boudet, l’auteur de la Vraie Langue Celtique, qui fut vicaire ici même, à Notre-Dame du Cros dans les années 1862 à 1866 !

Il était une fois, ce dernier quinze août 2013 à Notre-Dame du Cros, une grand-messe célébrée par deux prêtres officiants. L’un était très âgé, tellement qu’il semblait n’être là que grâce à une permission spéciale délivrée par sa maison de retraite… Pourquoi pas ? L’autre, fringant, vif-argent, présence fulgurante, un de ces jésuites bien faits de leur personne et qui de surcroît ont nettement conscience de leur pouvoir de séduction… la trentaine ? Les fidèles… ? Nombreux et dès l’entrée, profondément recueillis.

Une prédication de haute volée, classieuse, engagée, et dois-je vous le confier, particulièrement poignante. Quelques personnes installées aux premiers rangs, là où je suis installé, auront du mal à réprimer une larme ou deux… De nombreuses communiantes mais quasiment tout autant de communiants, souriantes, souriants et s’entresouriants… Nous sommes bien le jour qu’il faut et je l’espère, là où il faut !

Il fait très beau et chaud, ciel bleu profond, soleil maximum garanti. L’été retient son souffle. Tout juste percevrions-nous au dehors l’effet de sa tranquille respiration. La vie est douce. Ne sommes-nous pas encore au cœur des grandes vacances, avec le petit rosé du soir sous les platanes des agoras de la Narbonnaise, faute de la rosée revigorante du matin à l’heure d’extinction de l’étoile du berger ? (… un choix… ?)

Mais moi, le mécréant, le sceptique, le grognon jamais content, qu’est-ce que je fiche là, au premier rang avec les meilleurs fidèles, face aux officiants, à constater que tout le monde (pour une fois !) est beau et gentil ? Ne risqué-je pas de m’ennuyer ? Hé bien, je suis venu ici comme ferait votre chat, pour mater patiemment… et comprendre ? Aurais-je encore sournoisement flairé quelque chose de nouveau, mais s’avérant encore une fois vieux comme le monde, car telle serait prétendument la vérité de l’Ecclésiaste… ?

J’aime trop errer dans les églises quand elles sont belles et nous imposent respect et admiration. Tel est ce lieu qui ne m’a jamais lassé.

Cette chapelle de Notre-Dame du Cros est en vérité un vaste sanctuaire marial situé en un cadre naturel admirable avec un relief très particulier parfois marqué de belles surprises d’ordre archéologique, son domaine, ses aménagements, ses tableaux, ses décorations en marbre. Elle dépendait de Caune-Minervois, une paroisse renommée pour son abbaye, l’amabilité de ses habitants et ses carrières de marbre rose qui fournirent également une partie de la déco du palais de Versailles. L’âme des pierres défiant parfois depuis mille ans les lois de la gravité vaut bien celle riquiqui ou brinquebalante des pauvres humains maltraités en un monde qu’ils n’ont pas choisi ni encore moins désiré !

Chaque cathédrale ou modeste chapelle debout est un exploit… celui de l’intelligence défiant l’inertie du chaos ! Il est vrai que les yeux des églises sont les vitraux. Des yeux marqués par de lourds cernes de plomb.

Ils sont souvent les bandes dessinées de la vie des saints, ou de savantes rigueurs géométriques bariolées allant filer leurs soies sur les murs ou les sols dallés… parfois fixant quelques signaux colorés sur des tableaux appendus là exprès (ou vice et versa ?).

Tous sont à décoder, car nous avons perdu la candeur du berger (…d’Arcadie ? … oui, mais alors voir seulement la première version du Poussin en laquelle les personnages sont bien de simples bergers !), qui en possédait les clefs acquises à force de contemplation de la voie lactée, laquelle n’est à mes yeux que l’infini vitrail pointilliste de la nuit ! Son gigantesque volume serait-il l’ectoplasme de l’autre monde, questionne le médium tourmenté par ses angoisses métaphysiques ?

Le berger moderne parfumé au gasoil plus qu’au foin sauvage, roulant à tombeau ouvert avec son quatre-quatre, radio ouverte, nasillant entre deux variétés américaines les versets de la religion dominante, la publicité, retourne de la ville où il vient de consulter sa société fiduciaire au sujet d’empoisonnants ennuis de gestion. Belle lurette qu’il n’a plus de réponses à ce genre de questions ! Qu’on se le dise ! Au jour d’aujourd’hui, on ne rêve pas. On rumine ou on fulmine.

Juste avant le prêche vint la traditionnelle sainte lecture, celle-ci peu banale, un régal, les cinq premiers versets du chapitre douze de l’Apocalypse de Jean ! Douze, comme les étoiles accompagnant la Vierge en son assomption portée par des angelots responsables de la couronne, pensé-je ! Saperlipopette ! Mais ce ne sont que les douze étoiles mariales du bleu drapeau européen, à l’origine dédié à Marie !

Et quel pince-sans-rire prétendit récemment que l’Europe marchande était née sous le signe de la laïcité pure et dure ? Non, les marchands vénèrent toujours les saints. Si jamais une Europe politique naissait, ce serait un autre point de vue, les étoiles seraient au gouvernement central et se nommeraient des stars !

Voyons, douze fois douze = cent-quarante-quatre, le premier pivot de la série d’or de Fibonacci, comme par hasard situé au douzième rang, nombres sacrés pour un certain abbé Boudet qui officia en son temps ici même, devant le majestueux grand autel en marbre rose.

Mais oui ! Douze, c’est vrai itou pour les travaux d’Hercule, tels qu’on les a sculptés en médaillons sur le jubé en marbre blanc de Carrare (seizième siècle) de la cathédrale de Limoges (photo) ! Je ne blague pas, allez donc voir si je mens, cela vaudrait un reportage ! Hercule, le héros prémartyr chrétien, croyait-on en ces temps jolis de la post-Renaissance ! Le saviez-vous ? Carcassonne a son Saint Lupin ! Limoges faillit avoir son Saint Hercule. Cette idée n’était point choquante pour les papes ni pour les fidèles des temps renaissants.

Les travaux d'Hercule sur le jubé de la cathédrale de Limoges - J-M Villette ©
Les travaux d’Hercule sur le jubé de la cathédrale de Limoges – J-M Villette ©

L’Apocalyse selon Saint Jean

Bref, or donc apparut un grand jeune homme blond dans l’édifice e Notre-Dame du Cros qui lut d’une voix assurée cet inspiré début du chapitre douze de l’Apocalypse (en français, la Révélation), et selon Jean… au fait, de quel Jean parle-t-on ici, le saurons-nous jamais ? Je cite Jean, l’inconnu :

« Il parut un grand prodige dans le ciel, c’était une femme revêtue du soleil, qui avait la lune sous les pieds, et une couronne de douze étoiles sur la tête. »

« Elle était grosse, et elle criait comme étant en travail et ressentant les douleurs de l’enfantement. »

« Un autre prodige parut ensuite dans le ciel ; un grand dragon roux, qui avait sept têtes et dix cornes, et sept diadèmes sur ses sept têtes. »

« Il entrainait avec sa queue la troisième partie des étoiles du ciel, et il les fit tomber sur la terre. Ce dragon s’arrêta devant la femme qui devait enfanter, afin de dévorer son fils aussitôt qu’elle en serait délivrée »

« Elle enfanta d’un enfant mâle, qui devait gouverner toutes les nations avec une verge de fer, et son fils fut enlevé vers Dieu et vers son trône. »

… C’est alors que je commençais à dégringoler de ma confortable et rêveuse léthargie, et à percuter quelque peu à propos des choses qui me cernaient !

Je me disais soudain que ce paragraphe de l’Apocalypse devait être régulièrement lu lors des grand-messe du quinze août à Notre-Dame du Cros ? Serait-il lu partout en ce même jour d’Assomption de la Vierge ? J’en doutais fort. Quel curieux décalage avec la sérénité de l’évènement célébré ! Ou alors serait-ce le fruit nouveau d’un ordre provenu du nouveau pontificat ? Va savoir ? Si non, pourquoi serait-il lu particulièrement ici, à Notre-Dame du Cros et ce jour même ? Il y aurait bien une raison. Et cette raison, il nous la faut connaître. Voilà du nouveau !

La réponse arriva, du moins partiellement. Pour l’Eglise (catholique ?), nous expliqua le déluré jésuite, ce passage de l’Apocalypse de Jean est une allusion faite à la Vierge Marie qui enfanta de Jésus, l’homme Dieu, au hasard d’une errance en Palestine, lieu de tous les périls dans un pays déjà en état de guerre civile, et de surcroît l’hiver, en une bergerie ouverte à tous vents et aux hasards des rencontres, la Berco, comme on dit en occitan languedocien !

Raison de plus pour lire ce passage à Noël et non pas au quinze du mois d’aout, bougonnais-je en moi-même ! Mais il est vrai que le nouveau pape François récemment arrivé de l’hémisphère sud passait Noël à transpirer sous les tôles rouillées des bidonvilles argentins avec les damnés de la terre ! A cause de cela, aurait-il cédé au caprice de nous recentrer Noël au quinze aout en l’hémisphère Nord ? Hé, hé… En cela tout est logique, répondrait Alice de Lewis Carroll !

Comme j’étais assis ou tantôt debout à l’avant-gauche de la nef, mon regard grimpa machinalement au faite du mur droit du chœur, percé d’un remarquable vitrail rond de facture quasi abstraite, presque neuf, datant probablement (mais sous toutes réserves, voir photo), de vers 1976 ?

Le vitrail apocalyptique de Notre-Dame du Cros
Le vitrail apocalyptique – J-M Villette © 

Abaissant enfin le regard, je remarquais que le très vieux ritou ne cessait de me dévisager, en douce, tout en suivant d’une oreille lasse l’office du jeune jésuite, par-dessus ses lunettes en écaille brune corrigeant une presbytie aggravée… Il insistait. Qu’avais-je de si intrigant pour ce vieil abbé ? Mince… ? M’aurait-il reconnu depuis ces jours derniers où errant dans le sanctuaire je grimpais témérairement sur des empilements de chaises au risque de chuter, pour mieux photographier les détails des tableaux ? Il se pourrait, car je pense que des caméras sont planquées dans les coins ombreux du sanctuaire. Serais-je fiché, malfaiteur en puissance et inconscient cascadeur ? Ou bien suspecté de m’intéresser de près à quelque chose de particulier ? Me voilà peut-être épinglé, surveillé ? Même pas peur ! Tu parles ! Pas l’air méchant, l’abbé. J’essayais de capter ses pensées.

« En voilà un qui quand même essaierait toutefois de comprendre le décor du saint lieu ? », semblait-il s’interroger en me lorgnant et ratiocinant à voix basse comme souvent font les vieux, quand ils se croient seuls. C’était du moins mon impression, et moi de fixer à nouveau le vitrail sur lequel je comptais difficultueusement les douze étoiles, encore non chamboulées par un méchant coup de queue de la bête, le dragon aux dix cornes et sept têtes (17), annoncé dans le texte ! Car je réalisais avec une douce émotion qu’il existait une évidente osmose entre le texte apocalyptique que nous venions d’entendre et le vitrail en question, que j’avais quasiment négligé d’analyser lors de mes précédentes visites, du moins en ce qui concerne les détails apocalyptiques !

L’étrange vieux prêtre fixa comme moi ce même vitrail. Bizarre mais intéressant, aurais-je donc en ce vieux ritou un complice inattendu… ? Automatiquement je songeais alors au chiffre sept, tant honoré par Boudet en sa L.V.L.C… , pensais aussi qu’une bête à sept têtes et dix cornes ne pouvait souffrir que de lourds problèmes schizophréniques ! Hé, hé… j’en rigolais derrière mon vaste mouchoir épongeant ma transpiration !

J’en connais qui auraient pu imaginer aussi que ce vieux prêtre n’était qu’un avatar de la personne de l’abbé Boudet, provisoirement ressuscité des morts pour la circonstance, sa grand-messe de l’année en son sanctuaire chéri dédiée à la mère du Sauveur.

Et cette rencontre avec le vitrail de l’Apocalypse à Notre-Dame du Cros, cet énorme détail, énigme insoupçonnable pour la plupart des fidèles ne sachant plus lire les symboles et signaux élémentaires, mis à part ceux de l’autoroute (et encore ?), ni à plus forte raison ceux de l’art contemporain, m’excitait déjà… Aubaine !

Mentalement, je récapitulais à toute vitesse : « Le chapitre XII de l’Apocalypse vient d’être récité ici même le jour de l’office célébrant l’Assomption de la Vierge, jour de la bienheureuse Sainte Marie, en ce sanctuaire marial, oui, si peu banal, sous l’œil circulaire d’un vitrail apocalyptique aux douze étoiles, que je présume schématiser à lui seul le chapitre n° XII de l’Apocalypse précisément lu pour évangile du jour, vitrail présentement situé en haut à gauche du flamboyant jésuite debout face aux fidèles, avec en retrait un vieux ritou assis que je me complaisais à voir tel un avatar d’Henri Boudet, le jeune jésuite nous donnant sa libre interprétation d’un texte de l’Apocalypse qui semblerait nous délocaliser Noël là où nous n’aurions jamais osé le soupçonner, un quinze aout, à Notre-Dame de Cros… !!! »

Ouf … Tout cela me semblait fou, mais pour cela même, finissait par me plaire. Comment ne pas m’alerter, et déjà mes antennes de chat frémissaient, comme tout le long de l’échine, je sentis passer le frisson précédant les bonnes surprises.

« Sont bien douze, les étoiles !! Aucune n’est perdue ! », pensé-je très fort en fixant le vieux prêtre, afin qu’il me capte, et ainsi tenter d’établir durablement un contact télépathique avec ce vieux ritou. Son masque s’anima d’un vague rictus et il inspira plus fort. Approbation ou simple soupir réprimé ? … Je comprenais que les longues taches fauves marquant le haut du vitrail pouvaient être celles du corps de la Bête, certes reconnaissable à cela et qui doublait ou cachait le soleil. Telle la plus longue des constellations de l’hémisphère Nord que j’avais observée lors des petits matins clairs et frisquets d’hiver, juste avant le lever du soleil, celle du Dragon (voir photos), quand j’allais à pied au travail, à la campagne, les mains dans les poches et le nez au vent. Le Dragon serpentait alors vers le zénith.

La constellation du dragon
La constellation du dragon – J-M Villette ©

Autant de taches allongées et d’étoiles que d’astres repérant le dos du dragon louvoyant entre les deux Ourses… mais menaçait-il d’envoyer au diable, et cela d’un seul revers de queue, l’étoile Polaire bouler sur Alcor ? (Dix-sept étoiles visibles à l’oeil nu, sur la constellation du dragon !) Le nord perdu, que serions-nous, et sans Alcor point de test naturel pour l’acuité visuelle !

Le croissant de lune de Marie y est posé debout, vers le bas du cercle, au sud, dressé comme un bouclier, au contraire de la tradition qui le voudrait horizontal, tel le plat de terre des piétas qui reçut le sang de Jésus, un Graal foulé par les pieds délicats de la Vierge (rond comme le mythique temple des deux Rennes que certains croient enfoui sous terre)… et plus trivialement comme sur une planche dessinée de Georges Herriman, inventeur de la B.D. moderne en 1910, plaçant parfois ses croissants de lune horizontaux tout au fond de l’horizon là où le sol rejoint le ciel, afin qu’ils semblent fuir à l’infini aux approches d’un éventuel chevalier du Graal, tel un pied d’arc-en-ciel cachant sous lui un chaudron plein d’or… tel prétend la légende… ! Croissant de lune dont Marie hérita d’une antique déesse, Isis, mais aussi d’Artémis Diane, la grande soeur d’Apollon (la jumelle dominante) à la figure blafarde en forme évidente d’un quartier (vertical !) de lune, comme il est raconté dans la mythologie.

Marie et les Bergers d’Arcadie

J’inviterai du coup tous les aficionados de Les Bergers d’Arcadie de Nicolas Poussin, cette fois la seconde version du Poussin en laquelle nos beaux Arcadicii et la bergère à la cuisse élégante abandonnent la place aux solennels patrons en personne, les trois divinités arcadiennes, Apollon, Diane Artémis, Hermès Mercure qui, selon la mythologie, seraient les propriétaires des infinis troupeaux arcadiens, en compagnie de leur héros gestionnaire, pragmatique et corvéable à volonté, nommé Héraclès, moins Pan, le dieu supérieur et légitime, invisible et insaisissable comme il se doit, libre comme l’air en son royaume d’Arcadie.

Quant à l’idée de mort ? Bien présente assurément comme dans la première version avec les gardiens des brebis, bêtes pacifiques, mais comme Pan, invisibles dans les deux cas et qu’une tradition affirme être mort !

On a dit que les dieux sont immortels, mais il n’empêche que le Crépuscule des Dieux demeure un mythe consistant et exemplaire dans la mythologie germanique ! Non ? Je ne suis pas loin de penser qu’ils discutent de cela, nos dieux, sur le Poussin… car les dieux vont inéluctablement plier boutique devant l’irrésistible avancée du monothéisme, religion d’Etat. Voilà bien le thème religieux importantissime du second tableau qui fut commandé au peintre par un ecclésiastique qui ne plaisantait pas avec sa religion, le catholicisme triomphant ! Cette digression, pour signifier ou nous rappeler qu’il est bien là, en notre bonne compagnie, Nicolas Poussin, avec cette gigantesque reproduction du Mariage de la Vierge placé à gauche du chœur, unique reproduction monumentale d’un Poussin édifié sur le territoire du département de l’Aude… et bien au-delà d’ailleurs !

On constatera que Diane Artémis (la femme debout sur le tableau des Bergers), possède le même profil, avec une semblable inclinaison de tête, que la jeune Marie représentée sur la reproduction du tableau le Mariage de la Vierge (voir photos), ce qui n’est bizarrement pas le cas sur le tableau original du Poussin !

Détail central de la copie inversée du mariage de la Vierge à Notre-Dame du Cros - Christian Attard ©
Détail central de la copie inversée du mariage de la Vierge à Notre-Dame du Cros – Christian Attard ©
Détail : bergère de "Les bergers d'Arcadie" de Nicolas Poussin
Détail : bergère de “Les bergers d’Arcadie”

"Le mariage de la Vierge" à Edimbourg
“Le mariage de la Vierge” à Edimbourg

Ensuite l’inclinaison du bâton du Mariage est de 5° et de surcroît dans le même sens sur l’original du Mariage que sur les Bergers d’Arcadie. Enfin remarquez comment ce bâton est coupé de manière assez comparable par le geste semblable du bras gauche du soi-disant bouvier rouge des Bergers d’Arcadie, alias Hermès Mercure.

(… Nous aimerions tant connaître un peu de la personnalité du peintre auteur de la copie de Notre-Dame du Cros… et tout autant des autres copistes de maitres qui émaillèrent ce sanctuaire.)

La plus colossale des reproductions (inversées) du Mariage de la Vierge, est bien ici, à Notre-Dame du Cros… elle n’a son équivalent nulle part dans le monde, et quand vous saurez ce qui se passera ce jour, vous ne croirez plus au hasard ! 

Encore une idée, comme ça, à l’occasion, relire le Serpent Rouge, attribué sans la moindre ombre de preuve à P. Plantard (en notre monde, plus que jamais, on ne prête complaisamment de l’esprit qu’aux riches… surtout en médiocres impostures !), verset n°7 intitulé : le Lion. Isis, la source bienfaisante, Notre-Dame des Cross (la patte de lion, la fontaine du lion), le vase, et revisitez à fond ce site fantastique habité par des fantômes célébrés dans le mythe de Rennes-le-Château sans ne rien négliger et tout découvrir de ce que je viens et vais encore vous citer et suggérer. Non, vous ne risquez pas de perdre votre temps.

A l’intérieur d’une église, sur les tableaux comme ailleurs, l’important se passe en lévitation dans le ciel (avec nuages qui supportent les personnages). Et le bleu intense dégagé de ce vitrail rond représente plus la couleur attribuée à la Vierge qu’au ciel.

Ou bien plutôt, ce bleu serait-il l’osmose du ciel d’aout avec celui de la Vierge offrant son joli corps à l’azur profond qui va bientôt l’absorber ?

Et le blanc, donc ? Ce sont chérubins, angelots et compagnie qui la transportent vers l’autre côté du miroir sans tain du ciel où habitent Dieu et son fils… où donc ? … Hé bien, à une adresse introuvable, pardi !

Le vieux curé me surveillait encore, mais cette fois avec un soupçon de sourire, et du coup, sembla oublier la messe au point de cafouiller en sa lecture et d’en échapper la bonne page ! C’est alors que le jeune jésuite spontanément lui souffla de mémoire et sans hésitation le texte du jour. Le vieux se reprit comme un bon élève convaincu de sa faute.

Solidaire comme au théâtre… le bateleur de Jésus rame de conserve avec celui de la Bête.

Je regardais tout autour de moi espérant croiser quelques regards rivés sur ce même vitrail, quelqu’un avec qui j’eusse pu partager un quart de millième de seconde de complicité. Va te faire fiche, du tout, personne ! S’en moquent les bougres de l’Apocalypse ! Ne sont pas venus là pour lorgner les accessoires… Alors je revenais de nouveau sur le vieux ritou qui semblait en être aussi déçu que moi, témoin la façon qu’il eut de replier la feuille sur son sourire et de glisser les deux en son missel, plus gris encore que ses intimes pensées. L’autre, le faux bel ermite de Notre-Dame du Cros, semblait bien plus doué pour la vie ! Et comme il portait beau la soutane, élégamment ceinturée à la taille ! Tous les hommes grands devraient porter non pas la soutane, mais la robe. Prestance, démarche chevaleresque, toujours le franc sourire de celui qui, depuis la naissance, n’aura jamais baissé les yeux devant Dieu.

Je vous jure qu’il devrait faire son petit effet en arrivant sous les ors du Vatican, là où règne un pape nommé François, pasteur baroudeur, porteur de l’agneau à la colombe, projetant de guider le troupeau rétif que nous voyons se profiler au second plan de sa croix, vous savez, exactement comme dans les prophéties de St Malachie ?

C’est alors que jaillit le prêche. Bossuet, là où il fut, dut frémir en ses os exsangues ! Culotté ! Mais pas toujours pour me déplaire !

Voilà l’image de Boudet qui s’estompe un instant cédant à Bérenger Saunière, la belle trentaine à Rennes-le-Château, fustigeant du haut de sa chaire encore branlante, mais en monarchiste absolu (encouragé pour cela), la chienne, la troisième République, radicale, laïque et franc-maçonne trop mal pensante.

Hé bien, autre époque, autres mœurs, aujourd’hui, c’était l’affairisme, l’ultralibéralisme et le modernisme à tous crins oubliant Dieu qu’il passait à la moulinette, mon fier cureton au cœur sacré ! Exactement ce qu’on entend au Café du Commerce de mon village, et qu’aurait clamé un jeune Saunière à sa place… Je faillis applaudir. Je me retins car, non, nous n’étions pas en meeting syndical ! A part certaines considérations d’ordre moral ou de pure idéologie, j’y aurai en tous cas retenu ceci, ce qu’on avait prudemment omis de m’apprendre au catéchisme : Jésus aurait dit « Conservez vos cœurs de colombe, mais en contrepartie, apprenez à devenir plus rusés que le serpent ! »

Joli pragmatisme, la colombe et le troupeau réunis sous l’entremise du serpent… Ce ne serait donc qu’une ruse que de tendre la joue gauche après la gifle reçue sur la droite… ? Ah, bon… ! Je me serai donc couché le soir moins stupide, décidément le nouveau pontificat promet d’être tout ce qu’on voudra, sauf molasson et mièvre ! Mais le plus beau n’était pas arrivé !

Tandis que l’officiant parlait, et que les mouchoirs parfumés se défroissaient côté dames entre deux âges, que les mecs tatoués, jaloux de la prestance et du charme de l’officiant radieux, s’agaçaient en transpirant des litres sous leurs liquettes, une merveille s’accomplissait inéluctablement… encore indécelable pour l’assemblée des fidèles.

Du bleu, une pomme bleue à Notre-Dame du Cros

Décidément, je ne cessais de me féliciter, moi d’ordinaire si nonchalant, d’avoir eu l’idée de monter en première ligne des bancs du sanctuaire marial de Notre-dame du Cros, dont le chœur en marbre rose aurait presque pu imiter le profil concave de la rose à sept pétales de la Vierge. J’ajouterai que cette roche qu’on nomme marbre rose, est constituée d’une pâte calcaire solidifiée, couleur vieux rose, mêlée aux pâleurs de l’hostie nucléarisée par le prêtre dès la consécration. Item eut pu s’exprimer ici même un écrivain mystique que je ne nommerai pas, mais lequel, grâce à Dieu, se sera bien gardé de l’écrire pour qu’un rêveur tel que moi puisse l’imaginer à sa place sans le plagier ! (Nota : Second ou troisième degré ?)

Au sol, une informe tache bleu profond rampait, comme une éclaboussure, gagnait centimètre sur centimètre, au fil du discours, vers le noeud de l’affaire.

Lumière bleue de la Vet pomme bleue à Notre-Dame du Cros
Lumière bleue de la Vierge – J-M Villette ©

Ce n’était qu’une déchirure de la sublime lumière bleue de la Vierge, maltraitée par la Bête, qui, projetée depuis le vitrail rond de l’Apocalypse, au rythme de l’évolution du soleil, glissait insensiblement sur les dalles du sol en direction du socle (déjà bleui) du lutrin (voir photo), qui servait de tribune au beau prêcheur. Les deux étaient pourtant recouverts de lin blanc. Tranchaient cependant deux franges rouges, celles de l’étole du jeune officiant ! Le plus croustillant est à venir…

Quand le discours du prêcheur se durcit au point que certains fidèles n’en crurent plus leurs oreilles ni leurs yeux, que les matrones reniflèrent comme soudainement agressées par un micro phénomène allergisant, et que les bobos mâles ventripotents de la soixantaine, ce matin déboulés en super quatre-quatre blindés comme les chars aurifères de la Brink nourrisseurs de la banque de France, se mirent à toussoter et grogner en s’entre-interrogeant, front plissé : « C’est du propre ! Jusqu’où ira-t-il, cet impertinent cureton à la solde d’un pape jésuite des pauvres qui sont les spoliateurs de notre respectable classe sociale ? »

Hé bien, pour seule réponse, la tache bleu profond grimpa obstinément à l’assaut de la tribune, puis de la chasuble blanche du jésuite décoré de l’étole rouge, ainsi reconstituant pour un instant le drapeau bleu blanc et rouge de la nation révolutionnaire ! Cocorico ! Ha ça ira ! Dieu avait tranché… les têtes coléreuses retombaient. L’Elévation pouvait donc advenir en toute sérénité. Deo gracias ! Amen.

Comme le vieux prêtre, je lorgnais encore un coup le vitrail de l’Apocalypse. Evidemment, c’était lui le coupable provocateur ! Magnifique !

Ne riez pas. Grandiose. Nul ne riait ! Nous étions cloués sur nos bancs en poutres comme de pauvres Jésus, mais franchement admiratifs pour l’effet superbement réussi ! … du moins pour ceux qui avaient suivi le scénario bien maitrisé et ne devant rien (à mon avis !) à l’improvisation… Bon, ouais, je sais, n’est-on pas là pour rêver, n’est-ce pas ? … Cependant les effets de couleur étaient bien réels, quant à eux ! Bien …

Le mariage de la Vierge

Peu de temps après, le vieux ritou braqua le regard à cent-quatre-vingts degrés ! Je supputais que le vieillard contemplait maintenant une chose indécelable depuis ma place, premier rang à gauche, un truc situé vers le centre d’un tableau géant, celui du Mariage de la Vierge, et que d’ici, on ne pouvait observer sur l’honnête reproduction présentée en un cadre monumental en marbre rose pesant ses plusieurs tonnes !

Reproduction du "Mariage de la Vierge" à Notre-Dame du Cros - J-M Villette ©
Reproduction du “Mariage de la Vierge” à Notre-Dame du Cros – J-M Villette © 

La toile exposée dans la chapelle devrait faire selon ma rapide estimation de la veille : environ 4 mètres sur 2,70 mètres, donc représenter une surface de 10 à 11 m², soit 5,5 fois celle du tableau original, peint en 1647-1748 et conservé à la National Gallery of Scotland (à Edimbourg).

Petite curiosité, pensais-je, la surface originale des Bergers de Poussin (n°2) est presque exactement de 1 m², et le Mariage de la Vierge fait presque exactement le double, soit 2 m². (Ceci dit en passant… et peint probablement au cours de la même période que nos soi-disant bergers n° 2, en fait, les dieux d’Arcadie appréhendant leur futur Crépuscule des dieux.)

Ce mastodonte artistique situé à gauche du chœur, se trouve faire face à la fois au vitrail de l’Apocalypse qui le domine, et à un autre tableau de taille semblable situé symétriquement à droite du cœur, représentant… mais vous l’avez deviné, une assomption de la Vierge itou de quatre mètres sur deux mètres-soixante-dix environ. L’auteur ? Je ne le connais pas non plus et ne sais si ce tableau est un original ou une copie. Lequel de vous le saurait ? Sinon les restaurateurs, sans doute, les mêmes qui rafraichirent la copie du Mariage de la Vierge d’après Poussin, comme de l’assomption de la même Vierge en question lui faisant face.

"L'Assomption de la Vierge" à Notre-Dame du Cros
“L’Assomption de la Vierge” à Notre-Dame du Cros – J-M Villette © 

Mais que zieutait-il encore d’extraordinaire, le vieux saint homme sur le Poussin agrandi cinq ou six fois, vers l’emplacement des mariés entourés de leurs témoins et de leur garde rapprochée autour d’un officiant ; Joseph, le charpentier barbichu, jeune artisan au vêtement empreint des senteurs d’acacia, et sa jolie et fraiche petite Marie à peine sortie des jupes de la mère Anne, mais qui ne va pas tarder à connaître l’ange annonciateur, comme dit l’autre ! … La future mère de Dieu, comme il est spécifié en sa prière et qui accoucha neuf mois après, comme toutes les femmes (recomptez sur le calendrier, du 25 mars l’Annonciation, à Noël le 25 décembre, neuf mois).

Donc, si encore une fois, je devais remettre les pieds dans le plat, ce qui n’est pas toujours élégant en un diner en ville (d’accord, mais qui le fera à ma place ?), je ferais remarquer ceci : S’il est aussi important pour l’Eglise catholique de compter neuf mois pour la conception de Jésus par les conjoints suivants, l’ange annonciateur et Marie (toujours vierge…), aller loger Noël au 15 aout, pardonnez-moi l’expression, est une carabistouille, car cette inattendue nouvelle ne nous pose que de très lourds problèmes !!!

Cela pourrait être compris telle une dénonciation, celle d’un délicat autant que fâcheux évènement, je veux dire une sorte d’interruption accidentelle de grossesse au cinquième mois, peut-être dû au stress engendré par l’apparition terrorisante de la bête vorace mangeuse de nourrissons et pourquoi pas de leurs mères, ou bien, il se pourrait aussi que Jésus vint réellement au monde prématurément, et on n’ose nous le dire au Vatican ? Eh, eh…? Je sens venir le thriller… Dan Brown n’a qu’à bien se tenir !

Si un divin stratagème fut élaboré avec l’ange annonciateur pour sceller le destin de la vierge Marie, ce n’est quand même pas pour ne la faire accoucher que d’un ange au quinze aout ? !

Il est dit dans le texte de Jean (?) que Jésus fut mis à l’abri chez son père spirituel, Dieu soi-même : « Enlevé vers Dieu. » Enlevé, le mot est fort ! … après avoir gouverné les nations avec une verge de fer… en effet, cela exista. Rarement tolérants, les chrétiens, surtout entre églises rivales adorant le même dieu et se référant au même « doux Jésus »…

Absurde et pourtant logique, dirait Alice de Lewis Carroll en s’amusant à compter le nombre de pères de Jésus, et qui en serait déjà à trois, l’ange annonciateur, Joseph, et surtout Dieu soi-même puisque paradoxalement tous deux consubstantiels, l’un homme, l’autre pur esprit. Mais pour Alice, point de mystère.

En attendant, l’astuce n’était-elle pas dans l’urgence, de tromper le dragon maladroit, pataud et naïf, en simulant par une ruse de serpent (voilà, voilà, qui sera toujours plus malin, convenez-en, qu’un crétin de dragon), une accidentelle interruption de grossesse ?

C’est qu’il faut lui décrypter son discours, au jeune père jésuite, parfaitement mis en valeur et en scène sous les projections lumineuses de Notre-Dame du Cros ! Le débris de lumière bleue, arrachée à la gloire de la Vierge et rampant tout à l’heure au sol, ne symbolisait-il pas l’appât destiné à la grosse bête, le leurre grossier qui fascina le dragon aux sept têtes, donc sept fois stupides, et qui se contenta de ce reflet pour tout festin ! « Bien fait pour le gros bouffi ! », eut pu s’exclamer Alice… !

On comprend mieux la frustration du monstre et sa nervosité, lui qui ne pensait qu’à nous balancer pour tout salaire, les étoiles sur terre ! … Hé bien ainsi je chapotais en rigolant sous cape, et commençais à prendre des notes en vue de l’écriture d’un nouveau fantastique thriller mystico-religieux adapté pour la bande dessinée… A suivre ?

Danger, on ne sort jamais indemne de la lecture de l’Apocalypse, je l’ai toujours pensé et dit. Un texte à manipuler avec les pincettes du diable, cher monsieur le bel et bon jésuite !

Bref, pendant ce temps, le vieux prêtre semblait fasciné par un je ne sais quoi de curieux passant sur ce motif central de la grande toile, endroit qui est précisément le cœur battant du tableau de l’excellente reproduction du Poussin, un tableau rendu au second degré, puisque librement recopié d’après une gravure inversée. Mais que pouvais-je apercevoir d’où j’étais placé… ?

Après la messe, séchant un frugal casse-croûte arrosé d’eau miraculeuse giclée à profusion depuis la généreuse fontaine, midi solaire n’étant pas loin, je pénétrais dans le chœur de Notre-Dame du Cros encore hanté par quelques pèlerins goutant la quiétude du lieu, et l’œil accoutumé à la pénombre, je découvrais stupéfait la cause de l’émoi du vieil abbé !

Passant au niveau de ce que fut la position des prêtres officiants, en arrière de l’autel moderne, faisant face au tableau du Mariage, maintenant reculant sur cette même ligne jusqu’à stopper au niveau de l’axe du regard de la Vierge Noire figée en sa gloire, sertie en une niche vitrée à l’épreuve des balles (avec un bébé Jésus non violent !), enfin ajustant au mieux ma position sur l’axe médian du tableau du mariage… vous me suivez toujours ?

Vierge noire à Notre-Dame du Cros
Vierge noire – J-M Villette © 

Aïe ! … c’était bien ça ! Quoi ? Mais, la tache ! Voyez donc ! Où ça ? Là ! Fantastique ! Exactement comme je l’espérais, à l’endroit que je souhaitais, visible du point d’intersection des deux axes perpendiculaires : des deux tableaux géants : Mariage et Assomption, avec celui du regard de la Vierge noire !

Axe du regard de la Vierge noire de Notre-Dame du Cros
Axe du regard de la Vierge noire – J-M Villette ©

Bon, alors on se calme et gardons cela pour nous. (Hélas, trop tard, c’est publié…) Nous dirons la pomme bleue (?), faut bien nommer les choses. La pomme bleue était là à Notre-Dame du Cros, qu’on le veuille ou non, le jour qu’il fallait, à l’heure et à l’endroit rêvé. Hé bien, moralité, voilà qui corrige le tir et arrange tout ! De cette histoire plutôt coton bleu, on ne retiendra que la pomme en bleu profond bénissant (ou bien prosaïquement saluant) les deux époux le jour de la Sainte Marie !

J-M Villette ©

Collée en plein dans le mille de l’immense tableau de la copie du Poussin ! Tombée surmurie entre les mains des époux : la scène de Joseph passant l’alliance au doigt de Marie toute en bleu sur fond bleu, comme le bleu du vitrail et du ciel !

« Yé ! Rhapsodie in blue at Notre-Dame du Cros » ? … soufflai-je au vieux couple d’anglo-saxons (orthographe Boudet) qui, interloqués, toisaient avec moi le Poussin géant…

« Indeed ! My god ! Wonderful ! », s’extasiait la lady.

« Oh, oh ? Message codé, n’est-ce pas, monsieur ? », lâcha le flegmatique gentleman en français, oui mais avec l’accent d’Oxford… On aurait cru à une réincarnation d’un Sherlock Holmes… heu… non, pardon, plutôt d’Herlock Sholmès !

Bon sang, non mais, sans rire, quelle émotion à Notre-Dame du Cros !

Donc, au quinze aout, un petit miracle est assuré pour les touristes et les pèlerins très attentifs, s’il fait beau et avec les yeux certifiés performants par nos rares (mais distingués) ophtalmologistes !

Les deux immense tableaux parallèles, l’Assomption (du moins, pour moi, d’auteur toujours inconnu), et le Poussin recopié, se font un clin d’œil géant en bleu profond, grâce à l’entremise du vitrail apocalyptique, situé à droite mais surplombant l’ensemble.

Regardez plutôt les photos, voir si je mens ! Bon ! Alors, vous avez bien vu, ô les Saint Thomas et les sceptiques (mes frères) qui savent qu’une photo ça se truque ! D’accord, mais ce n’est vrai que pour les seuls dégourdis, ceux qui savent ! Je ne suis pas dégourdi, mais étourdi, bien trop bête pour demeurer longtemps crédible en jouant les malhonnêtes. Que voulez-vous que je vous dise ? De préférence, rien. Me taire et contempler avec vous.

Excusez-moi si j’ai cru bon de ne choquer personne (pendant l’office), ni osé d’ailleurs prendre des photos pendant la grand-messe émaillée de gags (involontaires ?) mais passés inaperçus au regard de la majorité des fidèles.

Mais, cependant, pour ne rien vous cacher, et ce qui justifie la présence d’une photo, je guettais depuis huit jours l’évènement que je pressentais. C’est ainsi que, la veille, j’étais repassé à Notre-Dame du Cros et avais photographié les tous premières prémices de la tache qui rampait vers la place du prêcheur. J’en publie l’image. Quant à la pomme bleue, si elle promettait d’être présente, elle n’était pas aussi convaincante qu’à midi solaire lors de ce dernier 15 Août, son apogée, avec au dehors un soleil maximum !

Je ne vous parlerai pas des autres tableaux installés en cette chapelle, ni de leurs mystères, ni de leurs symboles, à part ce cliché d’un détail du tableau de la Descente de la Croix (copié d’après Rubens ? … pas vraiment… car beaucoup de changements… aviez-vous remarqué, par exemple, que Jean l’évangéliste, l’apôtre que Jésus aimait (avec M.M. ici bien présente), a été carrément éliminé du groupe par le copiste ? Cela ne vous choque-t-il pas ? !!! … moi, si, c’est énorme), depuis le sublimissime chef-d’œuvre de Rubens, et inversé.

Copie de "La descente de la croix" de Pierre-Paul Rubens - J-M Villette ©
Copie de “La descente de la croix” de Pierre-Paul Rubens – J-M Villette ©

De surcroît, il a fait ce que j’appelle une patte de lion (volontaire, je pense, car le peintre copieur n’était point un maladroit et qu’on retrouve cette patte par deux fois à Notre-Dame de Marceille, mais pas sur des toiles), en place de la main gauche du second personnage féminin situé derrière Marie de Magdala, censée rehausser sa robe par un élégant geste de la main… et par ce fait devenue littéralement gauche ! (Marie Salomé, d’après Patrick Flamant ?).

Marie Salomé à la patte de lion
J-M Villette ©

Jean disparaît quand la patte du lion arrive… tiens, tiens, voilà qui m’interpelle et me remémore certains méandres de mes recherches. 

La patte du Lion, les doigts du lion, (comme la tête de lion et le lion en général, item le sphinx), sont, je puis l’affirmer, des indices majeurs présents dans les églises du coin, sur les tableaux, comme aussi dans les monuments non dévastés du périmètre sensible, autant dans le Cromleck qu’assez loin hors limites du Cromleck, dans la nature, les rochers, les collines, les montagnes qui marquent le territoire sacré (…hé, hé, Marc et le lion à S……….. !), d’après mes décodages de Boudet (et de ses amis spécialistes), qui ont tout codé, précis comme des astronomes, avec leurs chiffres et géométries si mal cachés qu’ils en crèvent les yeux à nous rendre aveugles, dès qu’on les a découverts !

Dans la foulée, je publie la photo des cigales (de mes acouphènes… pas commode à réaliser) et de la fontaine du lion… comme par hasard.

Acouphènes à Notre-Dame du Cros
J-M Villette ©
La fontaine du lion à Notre-Dame de Cros
La fontaine du lion – J-M Villette ©

Une belle promenade reportage à Notre-Dame du Cros est toutefois disponible sur le site de J.P. Garcia (très fouillée mais cependant avec quelques erreurs excusables mais non encore corrigées…), et consulter le site du généreux Christian Attard enfin renaissant de ses cruelles épreuves (et qui, souvenez-vous, fut lynché sous F.D. !), Reine du Midi, un grand classique, à qui je dois des remerciements pour y avoir copié des photos et des renseignements au sujet d’un certain Antoine Boudet, inexistant* !!! Mais elles étaient là pour ça, saperlipopette, les photos de Ch. Attard (et de François Pous que je ne connais pas mais que je remercie tout autant), pour être utilisées pour la bonne cause, et nous l’avions tous compris !

Voyons, maintenant, une ultime question destinée à l’intelligentsia chercheuse.

Notre ami, l’abbé Henri Boudet qui eut certainement bien des raisons d’affectionner ce lieu émotionnant, connaissait-il le phénomène pommes bleues du quinze aout, lui qui officia plusieurs années de 1862 à 1866 en ce lieu marial en tant que vicaire ?

Sans doute, le signal ne devait pas fonctionner tel que je l’ai repéré cet été 2013, puisque je ne saurais dire de quels motifs était composé le vitrail rond antérieurement à 1976… Comme je ne sais pas non plus en quelle année il fut percé.

Et bien que ce dernier vitrail semble n’avoir été conçu que pour projeter de bleus signaux mariaux et apocalyptiques, rien n’est certain ni acquis à son sujet. Ces questions devraient, je l’espère, s’éclaircir rapidement ?

Merci aux lecteurs et à ceux qui aimablement donneront suite à cet appel et aux magnanimes qui ne m’en voudront pas d’avoir un tantinet chahuté en mon reportage peu conventionnel, cette Apocalyptique messe de l’Assomption à Notre-Dame du Cros que je ne suis pas prêt d’oublier ! Mais croyez bien qu’un sanctuaire comme celui-ci, qui dégage pas mal, je trouve, n’est jamais posé au hasard sur un quelconque territoire. Mais cela vous le saviez …

  • (Nota : Le sanctuaire de Notre-Dame du Cros n’a jamais appartenu sous la Révolution à un certain Antoine Boudet, un imaginaire ancêtre d’Henri Boudet, comme une trop hâtive lecture de documents laissa penser à quelques chercheurs !) 

Mise à jour 11 février 2020, les 4 septembre 2013 et 21 mars 2014, Léo Bourbon ©

Léo Bourbon a rédigé également une étude sur le Crucifix des Lazaristes en Razès, Résurrection du quatrième tableau Crucifixion.

Le thème de l’apocalypse abondamment traité ci-dessus l’a été également par Paul Rouelle en lien avec Rennes-le-Château sous le titre “Rennes-le-Château, Une Histoire d’Apocalypse”.

Une autre église ésotérique interpelle, celle de l’abbé Gillard, à Tréhorenteuc dans la forêt de Paimpont, celle du saint Graal.


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